
Un déficit maîtrisé… en apparence
Le Conseil communal de Val-de-Travers a présenté son budget 2026, qui affiche un déficit prévisionnel de 698’700 francs pour un total de charges de 77.9 millions. À première vue, il s’agit du quatrième meilleur budget depuis la création de la Commune en 2009. Mais ce résultat doit être nuancé : sans certaines mesures exceptionnelles, le déficit serait nettement plus élevé.
En effet, deux éléments améliorent artificiellement le résultat : un prélèvement de 1.8 million dans la réserve de politique budgétaire et la vente de plusieurs terrains à bâtir et surfaces industrielles, censée générer une plus-value totale de 1.3 million en 2026. Une fois ces ajustements retirés, le déficit réel avoisinerait 3.8 millions de francs, en forte dégradation par rapport à la perte de 1.46 million prévue au budget 2025.
Des charges en hausse, malgré des efforts de maîtrise
Les charges de fonctionnement progressent dans plusieurs domaines. Les dépenses de personnel augmentent de 3.2 % (+1 million), en raison de créations de postes et de l’octroi de l’échelon annuel. Les achats de biens et services atteignent 14.8 millions (+2.4 %), tandis que les amortissements grimpent de 3.4 %, conséquence des nombreuses infrastructures réalisées ces dernières années.
Les charges de transfert augmentent également (+600’700 francs). La hausse provient en grande partie de la Facture sociale, bondissant de près de 308’000 francs et reflétant une conjoncture économique fragilisée.
Une éclaircie néanmoins : les charges financières diminuent de 9.2 % (-135’800 francs), grâce au recul des taux d’intérêt.
Recettes fiscales en recul mais hausse des taxes
L’un des signaux les plus préoccupants concerne les recettes fiscales, en baisse de 1.87 million de francs par rapport à 2025 (-5.9 %). La comparaison avec les comptes 2024, qui avaient atteint un niveau record, est encore plus marquée : -4.6 millions (-13.3 %). Seules l’imposition du capital des entreprises et les impôts fonciers échappent à la tendance générale.
À l’inverse, les taxes et redevances progressent de 3.6 % (+452’600 francs). Cette hausse provient notamment des taxes d’équipement, de la vente de chaleur des chauffages à distance (CAD) et de la participation financière des familles dans les structures d’accueil extrafamilial.
Des investissements maintenus mais sous contrainte
Le plafond des investissements est fixé à 3.1 millions pour 2026, contre 3.9 millions en 2025. Ce montant devra cependant être dépassé pour permettre la réalisation de divers projets, nécessitant une dérogation au frein à l’endettement.
Parmi les investissements phares prévus :
– un crédit-cadre de 5 millions pour l’entretien des routes ;
– le raccordement de bâtiments communaux au futur chauffage à distance de Fleurier (1 million) ;
– la pose d’un revêtement synthétique sur le terrain de football d’espaceVAL (1 million) ;
– le réaménagement de la traversée et de la gare de Môtiers (2.2 millions) ;
– la poursuite de la digitalisation du cercle scolaire (320’000 francs) ;
– le remplacement de plusieurs installations de chauffage dans les collèges.
Une collectivité solide… mais sous pression
Malgré les variations de résultats selon les années – avec des comptes 2022 à 2024 tous bénéficiaires –, Val-de-Travers reste sous forte pression financière. La Commune dispose certes de bases solides, avec 56 millions de fortune et 13 millions dans la réserve de politique budgétaire, mais elle doit composer avec des ressources limitées face à des infrastructures à entretenir, des besoins croissants et les défis climatiques et énergétiques.
Le Conseil communal rappelle aussi que de nombreuses prestations dépendent de décisions cantonales ou fédérales, notamment en matière d’écoles, de défense incendie ou de gestion des déchets.
Un budget fragile, reflet de l’incertitude économique
Selon l’exécutif, le budget 2026, bien que meilleur en apparence, reste un « trompe-l’œil ». Son équilibre dépend d’éléments extraordinaires, tandis que la forte baisse des recettes fiscales illustre les effets de la conjoncture défavorable.
Le Conseil communal réaffirme néanmoins sa volonté de poursuivre sa politique axée sur l’optimisation des prestations, le maintien des investissements et la préservation du patrimoine communal, plutôt que sur des réductions drastiques.
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