Après une procédure d’évaluation de plus de 18 mois, l’UNESCO a inscrit aujourd’hui les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette inscription met en valeur une tradition vivante emblématique de l’Arc jurassien franco-suisse et du Canton de Neuchâtel en particulier, lequel est déjà inscrit depuis 2009 sur la Liste du patrimoine mondial pour l’urbanisme horloger des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds et depuis 2011 pour cinq sites palafittiques.
Déposée en mars 2019, la candidature était portée par l’Office fédéral de la culture pour la Suisse et par le Ministère de la culture pour la France. Elle a été préparée par un groupe de pilotage binational regroupant des artisans, des formateurs, des représentants de musées et de collectivités. Comme le souligne l’Office fédéral de la culture dans son propre communiqué, « la candidature a été considérée comme exemplaire par l’UNESCO pour la sensibilisation à l’importance au patrimoine culturel immatériel dans un espace transfrontalier ».
Les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art comprennent l’artisanat horloger situé le long de l’Arc jurassien de Genève à Schaffhouse, de Besançon à Neuchâtel, mais aussi la fabrication d’automates et de boîtes à musique, caractéristique de la région de Sainte-Croix. A la croisée des sciences, des arts et de la technique, ces savoir-faire conjuguent des compétences individuelles et collectives, théoriques et pratiques, dans le domaine de la mécanique et de la micromécanique.
Le Canton de Neuchâtel est enchanté de cette inscription et remercie les instances gouvernementales internationales qui se sont prononcées en sa faveur, tout comme les acteurs nationaux et régionaux qui ont œuvré à l’élaboration du dossier de candidature depuis 2015. Le canton est concerné au premier chef par cette candidature, et en particulier les Montagnes neuchâteloises. Parmi les atouts qui ont joué en faveur de cette inscription, mentionnons la densité incomparable du réseau d’artisans et de fabricants, les liens de la candidature avec l’urbanisme horloger de La Chaux-de-Fonds et du Locle, inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis 2009, ou encore l’activité de plusieurs institutions patrimoniales dédiées à l’horlogerie. Parmi elles, le Musée international d’horlogerie, qui fait autorité en matière de sauvegarde, de transmission et de valorisation des savoir-faire horlogers, a joué un rôle majeur, fédérant de nombreux artisans, associations et institutions neuchâteloises qui ont contribué au processus de réalisation du dossier et à sa rédaction.
En attendant des jours meilleurs pour une célébration officielle et festive, la Ville de La Chaux-de-Fonds, soutenue par l’État de Neuchâtel, diffusera progressivement sur ses plateformes numériques des capsules vidéos réalisées par l’ethnologue Sélima Chibout, proposant autant d’immersions dans différents univers des métiers liés à l’horlogerie de la région.
Cette inscription fait évidemment d’ores et déjà figure de formidable cadeau pour le 10e anniversaire de la Biennale du patrimoine horloger (4 au 7 novembre 2021). Destiné depuis 2007 à mettre en relief les métiers de l’horlogerie, cet événement populaire gratuit vient d’annoncer son mariage avec les Journées internationales du marketing horloger et de la recherche horlogère, lesquelles proposeront en ouverture le jeudi 4 novembre, une édition spéciale gratuite.
Dès à présent, et en collaboration avec le musée du Temps de Besançon, le MIH propose au public une exposition intitulée Transmissions. L’immatériel photographié abordant les savoir-faire horlogers et de mécanique d’art par le prisme de six photographes. L’accès au MIH sera gratuit le 19 décembre, jour de sa réouverture, et une programmation mise en place autour de l’exposition avec la présence d’artisans effectuant des démonstrations. Le volet bisontin de l’exposition sera à découvrir dès la réouverture du musée du Temps, prévue le 7 janvier.
Les institutions neuchâteloises se réjouissent finalement des retombées positives d’une telle inscription. Elle donnera une importante visibilité au patrimoine culturel immatériel et permettra une meilleure prise de conscience de son importance. Elle servira aussi de levier pour fédérer l’ensemble de la communauté horlogère autour de projets de sauvegarde et de valorisation.
À ce titre, un groupe de travail n’a pas attendu la décision de l’UNESCO pour déployer des projets dans les domaines de la documentation, de la formation et de la transmission ainsi que de la sensibilisation et de la valorisation des savoir-faire. Pour mettre en œuvre ces mesures de manière transfrontalière, un projet Interreg «Arc horloger» a été développé depuis le dépôt de la candidature par les partenaires, avec l’association arcjurassien.ch comme cheffe de file pour la Suisse.
Avec cette nouvelle inscription, s’ajoutant à celles de l’urbanisme horloger, des sites palafittiques et du Fonds Jean-Jacques Rousseau, le Canton de Neuchâtel se réjouit de figurer une quatrième fois sur les listes de l’UNESCO.